Caution locative : définition et comptabilisation selon les récentes modifications législatives

Caution locative : définition et comptabilisation selon les récentes modifications législatives

24 juillet 2025 Non Par eet-invest

La caution locative est un dispositif de garantie majeur dans les relations entre bailleurs et locataires. Ce mécanisme juridique, ancré dans le droit du logement français, a connu plusieurs évolutions au fil des réformes législatives. Sa compréhension et sa bonne application sont indispensables tant pour les propriétaires qui cherchent à sécuriser leurs revenus locatifs que pour les locataires et leurs garants qui doivent connaître l'étendue de leurs engagements.

Qu'est-ce qu'une caution locative et quels sont ses fondements juridiques

La caution locative représente un élément central dans la relation contractuelle du bail d'habitation. Elle constitue une garantie pour le bailleur en cas de défaillance du locataire et s'inscrit dans un cadre légal précis qui a évolué ces dernières années.

Définition et rôle de la caution locative dans un bail

La caution locative désigne l'engagement pris par un tiers (personne physique ou morale) de régler les dettes du locataire en cas de défaut de paiement. Ce tiers, appelé garant ou caution, s'engage à payer au bailleur les sommes dues par le locataire si celui-ci ne respecte pas ses obligations financières. La caution intervient principalement pour garantir le paiement des loyers et charges, mais aussi pour couvrir d'éventuelles dégradations constatées au départ du locataire. Il existe deux types de cautionnements: la caution simple, où le garant ne peut être poursuivi qu'après épuisement des voies de recours contre le locataire, et la caution solidaire, plus courante, qui permet au propriétaire de s'adresser directement au garant sans avoir à poursuivre d'abord le locataire. Ce dispositif se distingue du dépôt de garantie, somme versée par le locataire lui-même au début du bail et destinée à couvrir les éventuels manquements à ses obligations locatives.

Cadre légal et évolutions réglementaires récentes

Le cadre juridique de la caution locative a connu plusieurs modifications notables ces dernières années. La loi ALUR de 2014 a instauré un cadre strict pour son utilisation, visant à favoriser l'accès au logement. Elle a notamment interdit le recours à la caution lorsque le logement bénéficie d'une assurance loyers impayés, sauf pour les étudiants et apprentis. La loi ELAN de 2018 a ensuite simplifié la rédaction de l'acte de cautionnement en supprimant l'obligation de la mention manuscrite. Plus récemment, la réforme des sûretés, entrée en vigueur le 1er janvier 2022 par ordonnance du 15 septembre 2021, a uniformisé la réglementation relative à la caution dans le Code civil. Cette réforme a introduit deux avancées majeures: l'autorisation de la signature électronique pour l'acte de cautionnement et l'allègement des exigences concernant la mention d'engagement du garant. Désormais, la caution doit toujours être donnée dans la limite d'un montant exprimé en chiffres et en lettres, mais la rédaction de la mention est libre tant qu'elle émane du garant lui-même. Ces évolutions visent à faciliter l'établissement de la caution tout en maintenant une protection juridique adaptée pour tous les acteurs.

Montant et modalités de versement du dépôt de garantie

Le dépôt de garantie représente une somme d'argent versée par le locataire au bailleur lors de la signature du contrat de location. Cette garantie financière protège le propriétaire contre d'éventuels manquements du locataire à ses obligations (dégradations, impayés de loyer). Les règles encadrant ce dépôt ont été précisées par diverses lois comme la loi ALUR et la loi ELAN, qui définissent strictement son montant et ses modalités de versement.

Calcul du montant selon le type de location

Le montant maximal du dépôt de garantie varie selon la nature du logement loué. Pour un logement vide, la loi limite ce montant à l'équivalent d'un mois de loyer hors charges. Dans le cas d'un logement meublé, le plafond est fixé à deux mois de loyer hors charges. Il faut noter que le dépôt de garantie n'est pas obligatoire – le propriétaire peut choisir de ne pas en demander. Par ailleurs, la loi prévoit que ce dépôt ne peut pas être exigé lorsque le loyer est payé par avance pour une période de trois mois ou plus.

Dans certaines situations particulières, comme les baux mobilité ou les logements sociaux, des règles spécifiques peuvent s'appliquer. Le montant du dépôt doit être clairement indiqué dans le contrat de location, avec le détail du loyer hors charges servant de base au calcul. Ce montant reste fixe pendant toute la durée du bail, même en cas d'augmentation du loyer, sauf si un avenant au contrat est signé entre les parties.

Procédures de paiement et justificatifs nécessaires

Le versement du dépôt de garantie s'effectue au moment de la signature du bail d'habitation. Le locataire peut régler ce montant directement au bailleur ou à son représentant (agence immobilière). Le paiement peut se faire par chèque, virement bancaire ou espèces (dans la limite de 1 000 euros). Un reçu doit être systématiquement remis au locataire, attestant du versement de cette somme.

Dans certains cas, le locataire peut bénéficier d'aides pour financer ce dépôt. Action Logement propose notamment l'avance Loca-Pass, un prêt à taux zéro remboursable sur 25 mois maximum. Le Fonds de Solidarité pour le Logement (FSL) peut également intervenir pour les personnes en difficulté financière. Dans ces situations, l'organisme verse directement la somme au propriétaire, et le locataire doit fournir les justificatifs correspondants.

À la fin du bail, la restitution du dépôt de garantie s'effectue dans un délai légal précis: un mois si l'état des lieux de sortie est conforme à celui d'entrée, ou deux mois s'il existe des différences justifiant des retenues. Ce délai court à partir de la remise des clés par le locataire. Le bailleur doit justifier toute somme retenue par des factures ou devis. Une provision maximale de 20% du dépôt peut être conservée temporairement pour les charges locatives, avec régularisation ultérieure. En cas de non-restitution dans les délais légaux, une pénalité de 10% du loyer mensuel peut être appliquée pour chaque mois de retard.

Les alternatives à la caution locative traditionnelle

Dans le cadre d'un bail d'habitation, la caution locative représente une garantie importante pour les propriétaires face aux risques d'impayés. Toutefois, cette sécurité n'est pas accessible à tous les locataires, notamment ceux ne disposant pas de proches pouvant se porter garants. Face à cette réalité, plusieurs alternatives à la caution locative traditionnelle ont été développées pour faciliter l'accès au logement tout en rassurant les bailleurs.

Garanties locatives proposées par Action Logement et autres organismes

Action Logement propose la garantie Visale, un dispositif gratuit qui se substitue à la caution personnelle. Cette garantie couvre les loyers impayés pendant toute la durée du bail dans la limite de 36 mensualités pour les logements du parc privé. Elle s'adresse principalement aux jeunes de moins de 30 ans, aux salariés nouvellement embauchés ou en mobilité professionnelle, et aux ménages en situation précaire. La demande s'effectue en ligne et le visa est généralement délivré sous 48 heures.

Le Fonds de Solidarité pour le Logement (FSL), géré par les départements, peut également intervenir auprès des personnes en difficulté. Il propose une aide financière pour accéder à un logement, notamment en se portant garant. Les conditions d'attribution varient selon les départements et sont basées sur les ressources du demandeur. Pour les étudiants, la garantie Loca-Pass d'Action Logement peut financer le dépôt de garantie sous forme d'avance remboursable, facilitant ainsi l'entrée dans les lieux.

Assurances loyers impayés comme solution pour les propriétaires

L'assurance loyers impayés (GLI) constitue une alternative sécurisante pour les propriétaires réticents à accepter la garantie Visale ou ne pouvant exiger de caution. Cette assurance, souscrite par le bailleur auprès d'une compagnie d'assurance, couvre les impayés de loyer, les dégradations locatives et les frais de procédure en cas de litige.

La loi ALUR a établi que le recours à la caution est interdit si le propriétaire a souscrit une assurance loyers impayés, excepté pour les logements loués à des étudiants ou apprentis. Le coût de cette assurance varie généralement entre 2% et 4% du montant annuel du loyer charges comprises. Pour bénéficier de cette garantie, le locataire doit présenter un dossier solide répondant aux critères de solvabilité fixés par l'assureur, typiquement un taux d'effort (ratio loyer/revenus) ne dépassant pas 33%. Cette solution présente l'avantage de professionnaliser la gestion du risque locatif tout en simplifiant les relations entre bailleur et locataire, puisqu'aucun tiers personne physique n'intervient dans le contrat de bail.